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Cognition collective

Définition & Concept

Depuis quelques années, un courant de recherche, appelé « Team Cognition », s’intéresse au fonctionnement et à la performance des équipes pour identifier les facilitateurs et les inhibiteurs de la coordination efficiente des agents lorsqu’ils sont confrontés à un problème à résoudre. Un des objectifs consiste à caractériser précisément quels processus cognitifs sont mis en œuvre par chacun des agents de l’interaction, et par le groupe lui-même, pour tendre vers une intelligence collective. Les études en sciences cognitives, en psychologie industrielle/organisationnelle, en ergonomie ou encore en sociologie, mettent en lumière la différence entre une « équipe experte » et une « équipe d’experts ». Après avoir observé l’articulation des activités individuelles et collectives, il s’agit de renseigner le type et la forme des contenus cognitifs partagés entre les partenaires, ainsi que l’évolution des modes d’ajustement en situation réelle.

 

Grâce aux outils de la cognition sociale, les productions cognitives des membres d’une même équipe peuvent être étudiées pour identifier les objets de pensée, les croyances, les jugements et les représentations de chacun mobilisés au cours de l’interaction. L’enjeu consiste à comprendre « comment les aptitudes sociales humaines rendent compte du développement d’une cognition collective complexe ». L’étude des interactions sociales, interhumaines ou inter-agents, verbales ou non-verbales, permet de comprendre comment des interactions positives, négatives ou ambivalentes, organisent et influencent la prise de décision collective et les processus de construction de la confiance interpersonnelle, nécessaire à la performance collective. Une autre source d’inspiration pour la cognition collective est aussi la cognition comparée où le parallèle entre les modèles de cognition animale et les modèles de cognition humaine interpellent par les interrelations et les interfaces possibles.

L’étude des prises de décision collective est importante dans les situations ouvertes, incertaines et dynamiques, où elles peuvent faire apparaître des phénomènes de polarisation et de « pensée de groupe » qui soulignent la complexité des relations groupe/individu et de leurs interactions sociales. Les analyses plus microscopiques de la pragmatique viennent en soutien des disciplines précédentes, pour répondre à diverses questions, telles que : « Que faisons-nous lorsque nous parlons pour décider ? Que disons-nous exactement lorsque nous décidons ? Pourquoi demandons-nous à notre coéquipier s’il peut nous lire une instruction, alors qu’il est inscrit dans sa fiche de poste qu’il doit le faire ? Qui parle et à qui ? Qui parle et pour qui ? ». Les jeux d’interactions sont explicités et permettent de définir les mécanismes ayant conduit à la prise de décision collective.

 

La cognition collective, associant plusieurs disciplines et méthodes, ouvre un champ de recherche et d’étude qui concerne directement les dynamiques collectives dans et hors de l’entreprise, susceptibles d’inspirer des méthodes de management adaptées aux compétences cognitives des individus ou de favoriser l’émergence de synergies entre des agents dont les niveaux d’expertise ne sont pas nécessairement égaux. 

Pour toutes les organisations en quête de performance et de bien-être, l’intelligence collective et la qualité de la collaboration deviennent les maîtres-mots d’une coordination et d’une gestion de crise efficace.

Champs d’applications

Les domaines de recherche de la cognition collective concernent majoritairement les domaines de l’aviation (civile et militaire), de la régulation du trafic (aérien, ferroviaire, et routier) et de la gestion de crise (santé, nucléaire). À chaque fois, il s’agit d’identifier les éléments à l’origine d’une coordination déficiente et d’une baisse de performance.

La compréhension fine des activités individuelles et collectives, permet de modéliser et prédire le comportement et les décisions du groupe, vise à faciliter le partage collaboratif en groupe ouvert, à optimiser la constitution de référentiel commun partagé, et enfin à concevoir des systèmes d’aide à la décision collective.

Exemples de projets

Les laboratoires de l’Institut Carnot Cognition sont à l’origine et/ou impliqués dans différents projets de recherche innovants dans le domaine de la Cognition Collective. Ci-dessous, quelques exemples.

Les interactions nouvelles sont étudiées :

  • à travers un projet de recherche qui porte sur la modélisation computationnelle des intentions pour faciliter les interactions sociales intuitives entre des agents naturels et artificiels ;
  • à travers une thèse « Sharing Big Display », qui étudie le développement des technologies et métaphores d’interactions nouvelles pour le partage collaboratif d’affichage en groupe ouvert ;
  • à travers le projet « The JointAction4HRI » qui cherche à construire un cadre théorique solide et complet pour aider à conceptualiser l’interaction entre humain et robot. Une partie de ce projet vise à mieux comprendre l’action jointe et l’attention conjointe. Ces deux processus jouent un rôle essentiel dans le développement psychologique typique et atypique (par exemple chez les enfants autistes) et leur meilleure connaissance devrait permettre d’améliorer la compréhension et la modélisation de la collaboration homme-robot.
  • La confiance et la croyance mutuelle sont étudiées à travers un projet de recherche ANR qui a cherché à comprendre le rôle de la confiance dans la régulation de la performance et de la croyance : « How subjective confidence modulates performance and belief : conceptual, developmental, and psychological issues. »
  • à travers un projet de recherche (ANR SAJA) qui vise à élucider les mécanismes neurocognitifs du « sentiment d’agir ensemble », à travers une série de tâches inspirées de la Théorie des Jeux en économie expérimentale et des neurosciences du contrôle de l’action. Dans ce projet, des mesures comportementales mais également physiologiques (réponse électrodermale) sont collectées.
  • à travers une thèse consacrée à l’étude du partage de tâches dans l’interaction humain-machine. Cette thèse porte sur l’acceptabilité des décisions « machine » chez l’opérateur humain et vise à démontrer qu’il est possible d’augmenter l’acceptabilité en « expliquant » davantage les décisions prises par la machine. L’ « explicabilité » favorise chez l’opérateur la prise de décision vicariante et le sentiment de co-construire la décision avec le système artificiel.
  • à travers un projet de recherche CNRS-INSERM sur le « changement d’avis » (change-of-mind) et le conservatisme du choix dans la prise de décision collective. Ce projet, qui s’appuie notamment sur des modèles computationnels d’apprentissage et de prise de décision en contexte d’incertitude, mais également sur des mesures physiologiques comme la dilatation pupillaire, vise à déterminer pourquoi les situations de prise de décision collective nous rendent parfois plus conservateurs dans nos décisions et ralentissent la fréquence des changements d’avis.

D’autres sous-thématiques de recherche appliquée constituent également les domaines d’expertise de l’Institut Carnot Cognition, à savoir : l’élaboration d’agents coopératifs dans leur comportement, les systèmes coopératifs d’aide à la décision (Multi-décideurs, Coopération Homme / machine) ; les Protocoles de coopération (Workflow Inter organisationnel) ou encore les Outils de Simulation Sociale.

Publié le 22 12 2019

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